2013 a été l'année de la naissance d'Oscar. Merveilleuse donc.

Depuis sa naissance, le temps file, je ne sais pas si c'est parce que je prends davantage le temps d'y penser ou simplement parce que je suis très occupée. Un bébé ça change la vie, comme vivre avec quelqu'un qu'on aime, ça prend une place folle, ça change les priorités, ça rend parfois les choses plus compliquées mais un jour, on se réveille et on se demande comment on a pu vivre sans.

J'ai repris le boulot, je n'ai jamais été aussi bien payée et pourtant je m'ennuie comme un rat et j'attends avec espoir (de changement) la fin de mon contrat. La gestion de projet me manque mais j'aime l'idée de travailler pour l'humain.

J'ai réussi Solvay, contre toute attente (du moins de ma part), (Olivier met son pyjama à Oscar à l'instant et je les entends rire...magique), j'ai appris comment manipuler un acheteur, comme penser différement (la théorie Six Hats de  de Bono était absolument fascinante, j'ai appris à contrôler mon langage corporel, à analyser celui des autres... j'ai aussi souffert le martyre dans un cours de sécurité informatique... mais je ne vais pas m'étendre la-dessus. Une anecdote particulièrement parlante, lors d'un exercice, on nous demande d'imaginer un produit à vendre, je pense gateau au chocolat, mon voisin pense "interface d'integration au niveau du Middleware". Je me suis sentie tellement seule...

Santé: mis à part un fibro-adenome au sein et un accouchement, RAS.

J'ai rencontré des nouvelles personnes au boulot et je reprends gout à l'amitié et ça me secoue la pulpe comme si j'étais une bouteille d'Orangina, je me retrouve, je suis confrontée à ce que je suis, je ris (beaucoup), je pleure (parfois) enfin je me sens revivre et ça fait aussi peur que cela fait du bien.

Mes parents se sont remis ensemble et ça a l'air d'aller, maman me semble être de plus en plus loin de la réalité mais plus sereine globalement, papa est fou d'Oscar, c'est chouette à voir.

J'ai passé d'excellentes fêtes de fin d'année, consciente que fêter le 25/12 avec mes grand-parents et mon fils, c'était du pur bonheur, à rire des cadeaux surréels de ma maman (un livre sur les loups pour Olivier) le 24, à papoter avec des copines le 31.

Merci 2013, j'ai apprécié.

En vrac, nous allons bien, nous n'échappons pas au rhume (enfin Bronchiolite), ni aux gastros, mais nous allons bien.

Oscar a désormais deux dents et ça m'éclate, j'adore le chatouiller pour le voir sourire...

Le boulot suit son cours, avec des hauts et des bas.

Pour l'instant, c'est surtout le Master à Solvay qui me pèse, mais je passe mon dernier exam le 10 décembre et après ça, je dors.

J'ai reloué mon appart, j'ai pris un risque, je l'ai loué exactement à des gens qui semblent être un mauvais plan sur papier, handicapé, des revenus à deux inférieurs à ce que je gagne seule mais quand cette dame a vu mon appart j'ai eu l'impression qu'elle avait découvert son Eldorado. Je me suis souvenue de ce gars en Espagne  qui nous avait loué un appart alors que nous avions 20 ans, pas d'argent etc..j'ai fait un choix du coeur, nous verrons bien ce que ça donne.

Le chat de maman est mort, elle s'appellait Bilou, je l'ai emmenée avec moi en Espagne quand je suis partie vivre avec l'infâme C, Bilou était le chat le plus stupide de l'univers, une haleine de chacal, une démarche désarticulée, une emmerdeuse de compet mais un chat gentil, placide, source de fous rires incroyables. Je me souviens de lui avoir parlé un soir, à Madrid, quand j'étais tellement paumée que je ne savais plus quoi faire de moi, ses ronronnements m'apaisaient quand rien d'autre ne semblait le faire.

Je fais régime, selon une version étrange qui consiste à payer l'abonnement à Waight Watchers sans jamais aller sur le site. En pratique, je mange un vrai repas à midi et de la soupe le soir, je maigris doucement. J'envisage de reprendre le sport après les exams. J'ai perdu tous mes kilos de grossesse et deux de plus.

J'envisage sérieusement d'essayer d'avoir un second bébé mais Olivier est un peu réticent, certes Oscar ne fait toujours pas ses nuits et nous sommes au bord de l'épuisement (et je ne sais pas quel bord), mais nous avons mis tellement de temps à avoir Oscar, et c'est tellement merveilleux que je ne vois pas pourquoi nous devrions attendre. Cela ne cesse de me surprendre mais j'adore mon rôle de maman, je ris tout le temps, j'ai l"impression de vivre plus fort quand il est près de moi. Même les side effects ne me rebutent pas et chaque jour je m'étonne des ses progrès.

J'ai toujours détesté être enfant unique, alors...je vais devoir me montrer convaincante...

Il est déjà 21h30, je vais aller me coucher. Je vous souhaite une belle soirée.

Je ne l'ai jamais rencontrée, son mari et son frère sont venus à des fêtes à la maison. Ils ont deux petites filles, Julie et Vanessa. Elle s'appelle Valérie. Elle est médecin. Jolie, les filles lui ressemblent beaucoup. Elle est morte dimanche passé. Un cancer.

Le même jour, des nouvelles de ma copine Bee dont la grand-mère a un cancer généralisé, alors au soin palliatif, ils attendent, que la fin vienne.

Le même matin, une présentation au boulot, des chiffres sur les chances de survie d'un cancéreux après 5 ans. Je sens que pour mes collègues, ce ne sont que des chiffres, des constats, des informations. Je vois des vies, des gens. Les larmes montent, je m'enfonce les ongles dans les mains, je compte à l'envers en néerlandais, j'essaie de me maitriser. Je n'ai pas envie de parler de mon histoire, pour l'instant, je suis une collègue sans histoire, j'ai un bébé, un amoureux pompier et c'est tout. Pas de regards plein de pitié ou de regards détournés comme si j'avais une maladie honteuse, contagieuse. C'est agréable.

Finalement, une collègue hypocondriaque, qui m'annonce qu'elle a des problèmes de thyroide, qu'elle aura probablement un cancer etc...je reste calme, je nie l'affaire.

Ce jour-là, dans la voiture, en rentrant au boulot, j'ai pleuré. Pleuré, pour ceux qui sont partis, pour ceux qui partiront bientôt, pour ceux qui restent. J'ai pleuré de peur de laisser Oscar seul, si tôt, si jeune.

Je suis rentrée, j'ai serré OScar dans mes bras (en faisant attention de ne pas le serrer trop fort mais le serrer fort quand même), je me suis blottie dans les bras d'Olivier. Nous avons passé une soirée calme, un peu triste.

Quelques jours plus tard, Olivier a été à l'enterrement de Valérie. Dans quelques semaines, son mari, son frère et ses filles, viendront manger à la maison, histoire de se changer les idées.

Dans quelques jours, la grand-mère de Bee s'en ira et je ferai de mon mieux pour la soutenir, même si on ne peut pas faire grand-chose. Et je veux espérer que dans quelques années, les présentations au boulot, montreront des chiffres différents, des chiffres avec plus d'espoir, de vie.

En attendant, je vis, je ris, je pleure, j'aime et c'est déjà ça.

J'ai repris le boulot, beaucoup de positif dans l'affaire. Je bosse pour une boite pharma, personnellement, je ne fais rien qui puisse changer la face du monde. Mais, j'aime l'idée de faire partie de ce monde-là. De me dire que ma mini-pierre permet de faire bouger les choses, de guérir, de sauver des vies. J'apprends plein de choses dans plein de domaines, du passionnant (comment transporter des médocs dans le désert, quand la température doit être basse et constante. Réponse à dos de chameau, sur le chameau des bacs frigo électriques et des panneaux solaires. Incroyable). Des trucs moins édifiants (voir le texte caché en word... aucun intéret).

L'environnement est très féminin. Moi qui avait l'habitude d'être la seule femme de l'équipe. Du positif, enfin une positive, elle s'appelle Elvira (ça ne s'improvise pas), elle a un phd en Bio, elle est espagnole et hilarante. Le coeur, le cerveau, l'humour, tout y est. Du moins positif, un groupe de secrétaires de l'enfer. Bruyantes, peu intelligentes, bavardes, pénibles. Elles ne se taisent JAMAIS, leur conversation est une combinaison de bêtise et de méchanceté. Une plaie.

Quand Oscar me manque trop (mais en général, je gère, j'optimise les moments passés avec lui, le matin et le soir), je fonce me cacher aux toilettes et je regarde l'un des mini-films que j'ai de lui sur mon iPhone, j'en ressors émue et pleine d'énergie.

Cependant, je suis épuisée, j'ai repris ma formation à Solvay, je rentre tard, je me lève tôt, c'est physiquement et moralement difficile. Je me dis que ça ira mieux dans quelques semaines. OScar fera enfin ses nuits, Solvay prendra fin et je comprendrai enfin ce dont on me parle au boulot. Wait and see.

Il y a quelques jours, je me réveille après avoir fait un rêve désagréable où Olivier me trompait avec une jeune femme du nom de Camille. Lorsque je découvrais cela, il me répondait que je n'allais quand même pas faire toute une histoire pour ça.

Quand je lui ai raconté, Olivier a ri et a dit qu'il était impresionné par les détails de mon rêve.

Quelques heures, plus tard, nous prenons de l'essence, devant nous, une jeune femme, grosse, portant une mini-jupe qui ne cache rien de sa cellulite, ses repousses noires bien voyantes sous sa queue de cheval de fausse blonde.

Lorsqu'elle parait, Olivier et moi, nous nous regardons et nous écrions d'une seule voix: "Camille".

Depuis "Camille" est devenu un nom commun que nous utilisons pour désigner une jeune femme grossière.

Depuis, je constate que les rues sont pleines de Camilles. Bouh.