Gone with the wind.
Il y a quelques jours, je papotais avec ma grand-mère devant un bon morceau de tarte maison (miam…). On parlait cinéma et ci et ça. Elle me raconte que son premier souvenir de cinéma c’est "Autant en emporte le vent" en 1957. Elle venait de déménager, elle était triste d’avoir quitté son village (et oui…) et pour lui remonter le moral mon grand-père lui avait proposé un cinéma. Ce jour-là on passait le hit du moment "Autant en emporte le vent". Ma grand-mère a adoré mais elle a, comme bien d’autres, fini la séance en larmes… au grand désarroi de mon grand-père…
Bref, après cette conversation, j’ai pris le temps de regarder les deux dvds de bonus de mon édition de « Gone with the wind ». Un Dvd pour le casting et l’autre pour le film. Et j’ai appris plein de choses. Que je partage joyeusement avec vous, qui évidemment n’attendiez que ça…
« Gone with the wind » a été produit par un dingue du nom de David O. Selznick. Un maniaque du mémo, un lunatique à côté du quel je passe pour quelqu’un de stable, doublé d’un homme obstiné, charmant et génial. (pour plus d’info sur le bonhomme : http://www.imdb.com/name/nm0006388/)
L’aventure débute en 1936. On vient de publier un livre écrit par une certaine Margaret Mitchell. Peu de temps après son mariage en 1924, Margaret fait une chute de cheval, se retrouve coincée à la maison et commence un livre sur le sud tel qu’on lui a raconté et tel qu’elle ne l’a jamais connu. Elle mettra plus de 10 ans à écrire son livre et ce sans aucune intention de le publier, ce n’est que par le biais d’un ami qui avait insisté pour lire la chose que le livre a été remis à un éditeur. Le succès est immédiat. Elle gagne le Pulitzer en 1937.
La secrétaire de Selznick lit le livre et lui recommande d’acheter les droits pour le cinéma, il les paiera 50,000$ . Un prix record pour un auteur inconnu. (A titre de comparaison : un pain coutait 5 cents).
Selznick a la volonté de produire le film de façon indépendante mais finalement c’est beau papa Meyer de MGM qui apportera les fonds suffisants à la réalisation du film.
Commence alors la recherche du casting idéal. Le public a une idée très précise de qui doit incarner Rhett Butler, ce sera Clarck Gable ou personne. Gable n’est pas emballé par le projet, il a peur de décevoir, de ne pas correspondre à ce que le public attend du personnage et de briser sa carrière. Il sera convaincu par Selznick contre un week-end de vacances pour épouser Carole Lombard et 50,000$ en dédommagement à son ex femme…
Olivia de Havilland sera ‘prêtée’ par la Warner (grâce à son intervention auprès de madame Warner), elle jouera le rôle de Mélanie Hamilton.
Leslie Howard qui jouera Ashley Wilkes refuse le rôle. Née en 1893, il se trouve résolument trop vieux pour jouer les jeunes premiers. Mais Selznick tient à sa participation et c’est en prenant Howard comme producteur associé dans « Intermezzo » qu’il parvient à ses fins. Avec le bon maquillage et la bonne lumière, il fera de Leslie Howard un Ashley tout neuf.
Reste le rôle clé à attribuer, qui incarnera Scarlett O’hara ?
Les actrices les plus prestigieuses passent le casting : Bette Davis, Katherine Hepburn, Lana Turner ainsi que des centaines d’inconnues s’essaient au rôle de Scarlett. L’avis du public est demandé (Vivien Leigh remportera une voix). Selznick hésite toujours. Paulette Goddart (voisine de Selznick et petite amie de Chaplin) semble se distinguer mais…
Le tournage commence début janvier 1939. La première scène filmée est celle du feu d’Atlanta, la scène a été tournée en une seule prise, on a mis feu aux décors de « King Kong » et du « Prisonnier de Zenda » pour obtenir cet effet. Pendant cette scène, une petite anglaise est présentée à Selznick. Son nom : Vivien Leigh.
On lui fait passer des essais, le résultat est fascinant, cette aristocrate britannique a convaincu en fille du sud. Elle est superbe. Cukor est aux commandes. Le tournage peut enfin commencer.
Deux semaines plus tard, Selznick et Cukor se disputent. Cukor quitte le tournage. « Gone with the wind » est sans réalisateur. 17 jours plus tard (et des dizaines de milliers de dollars perdus) Fleming entre en scène. Son approche et son style son très différents de ceux de Cukor, si de Havilland et Leigh sont désespérées par ses manières de brute, Gable est enfin à son aise.
Selznick continue à modifier le scénario chaque jour, Fleming tourne et torture ses acteurs. Leigh soupire après Laurence Olivier coincé à New-York par les représentations d’une comédie.
Quelques semaines avant la fin du tournage, Fleming quitte le film, nervous break, la raison officieuse serait une nouvelle dispute avec Selznick le mêle-tout. Selznick engage un nouveau réalisateur. Fleming revient deux semaines plus tard.
Six mois après le premier jour de tournages et quelques millions de dollars plus tard (presque 4, le film le plus cher de l’époque, jugé comme une aberration absolue en cette période), Selznick écrit ‘the damned thing’ est terminée.
Le film remportera 9 oscars (pour 13 nominations).
- meilleur film
- meilleur réalisateur (Fleming)
- meilleur scénario adapté pour Sidney Howard
- meilleure actrice : Vivien Leigh
- meilleure actrice second rôle : Hattie Mac Daniel (premier oscar attribué à un acteur ou une actrice noire)
- meilleure photographie
- meilleur montage
- meilleure direction artistique
- et deux récompenses techniques spéciales dont une pour le décorateur William Cameron Menzies
Quoi qu’il en soit, ce film qui a fait pleurer ma grand-mère lors de sa sortie dans le borinage profond en 1957, fonctionne encore parfaitement sur sa petite fille presque 50 ans plus tard… je me demande si un jour j’ai une fille …
And Frankly my dear, I do give a damn…
Pour encore plus d’info: http://www.filmsite.org/gone.html
Alors heureux ?